Il tombe en ruine, le manoir d’Evaristo Porras, à peine quelques décennies après sa construction. L’important narcotrafiquant colombien s’était fait édifier cette réplique du manoir de Dynastie, dans un probable énième accès de mégalomanie. Peut-être sans se douter que le béton, les avions, les pipelines, en bref les motifs de la réussite de la modernité occidentale incarnée dans le feuilleton et censée faire écho à sa propre fortune, sembleraient à présent si peu solides en comparaison de la nature, qui grignote ici les restes de la bâtisse pillée. Laura Huertas Millán suit Cristobal Gomez Abel, membre du peuple Muina Murui, pour lequel la coca est une plante sacrée dont les usages, depuis les temps précoloniaux, sont autres que celui fait de la poudre blanche. L’artiste ouvre l’espace pour un récit alternatif à la violence coloniale, à la violence capitaliste des cartels et de l’occident, à la misogynie, et dessine des chemins de survie, de dissidence.

Charlène Dinhut
Programmatrice et commissaire d'exposition