Résumé
En surplomb de la place centrale de Varsovie, les réalisateurs filment, en larges plans fixes, une manifestation contre la loi anti-avortement qui progresse puis se disperse : c’est une vision hypnotique, fascinante. Si l’image maintient une distance avec les manifestants, le son, en plan plus serré, nous rapproche de leur colère, leur détermination, leurs espoirs.
L'avis de Tënk
Le choix est radical : une caméra rivée sur un toit donne à voir l'ampleur du rassemblement en contrebas. Si ces plans larges transmettent l'énergie collective qui en résulte, on se dit qu'il s'agit aussi, sans doute, de protéger par l'anonymat celles et ceux qui ont bravé l'interdiction par le gouvernement de descendre dans la rue. Leurs voix, enregistrées au cœur du rassemblement, nous donnent à entendre une colère immense contre une démocratie chancelante et pour le droit de disposer de son corps. Cette proximité créé une intimité avec celles et ceux qui parlent, rend cette marée humaine terriblement proche de nous. La foule a de tout temps fait peur aux dirigeants : incontrôlable, insaisissable, elle renvoie à l'imaginaire de l'insurrection et de la révolution. « Si tu refuses de dire adieu à ton corps, prend une banderole comme toutes nos sœurs et manifeste dans la rue », chante la foule sur l'air de Bella ciao. Oui, en Pologne et ailleurs, la lutte continue.
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk
