Résumé
Un lent plan séquence au steadycam, contournant un pâté de maisons à la nuit tombée, dévoile le travail de bruitage de techniciens du cinéma s’employant à recréer la bande son d’une scène cruciale du film de Francis Coppola Conversation secrète.
L'avis de Tënk
La nuit, des voix, des sons étouffés, difficiles à identifier, et surtout de plus en plus inquiétants… Dans ce court métrage, Deborah Stratman convoque tous les ingrédients du thriller. Cependant, à mesure que se déroule ce plan séquence millimétré aux allures de filature, c'est moins les prouesses d'un métier, celui de bruiteur, qu'elle nous démontre que la puissance du son, moteur de nos imaginaires. La peur et l'angoisse ne nous saisit-elle pas précisément quand on ne voit pas ce qui peut nous arriver ? L'évocation et l'imagination alimentant ensuite nos peurs les plus archaïques. Une réflexion d'autant plus forte que l'immense œuvre qui est en train d'être bruitée dans ce film, nous parle justement d'écoute et de surveillance. Jusqu'à la fameuse scène finale de Conversation secrète, qui lui valut sans doute la palme d'Or à Cannes en 1974, mettant en doute la perception de son héros. Stratman nous invite avec beaucoup de finesse à nous interroger : que serait le cinéma sans le son ?
Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk